DÉTERMINANTS DE L’INFLATION EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO: UNE VÉRIFICATION EMPIRIQUE (by Jean-Pierre KISONIA MUSUBAO)
L’inflation est devenue un problème chronique en République Démocratique du Congo. Ce travail intitulé : « déterminants de l’inflation en République Démocratique du Congo de 1964 à 2016 : une vérification empirique » évalue la nature et l’intensité des facteurs qui créent et influencent l’inflation au Congo. La préoccupation majeure est celle de savoir quel type de déterminants (facteurs monétaires, facteurs réels, facteurs structurels et anticipations) créent et nourrissent l’inflation en RDC, en vue de proposer une politique monétaire adéquate.
En effet, dès son accession à l’indépendance, le pays a connu des troubles sociopolitiques et des guerres intestines. Le clientélisme, la corruption à tous les niveaux, la gestion calamiteuse de la chose publique par les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir… ont privé l’Etat de ses ressources et celui-ci a recouru, pendant longtemps, à la planche à billets pour financer son déficit. Nous avons alors supposé que les facteurs monétaires comptent parmi les sources de l’inflation congolaise.
Aussi, le saccage des outils de production (pillage des années 90), les désordres sociopolitiques, les guerres intestines, les distorsions du tissu économique du pays… ont détruit les capacités productives, engendrant des pénuries, des contractions de l’offre et alimentant alors les importations. Ceci nous a poussé à penser que les facteurs réels et structurels sont une cause et un déterminant de l’inflation congolaise.
En outre, le scepticisme, la perte de confiance face aux décisions des autorités monétaires a conduit les agents économiques à développer des mécanismes d’adaptation : spéculation, dollarisation de l’économie, anticipation de l’inflation… Nous avons alors subodoré que les anticipations, aussi bien adaptatives que rationnelles, entretiennent l’inflation congolaise.
Pour déceler quel type de facteurs créent et entretiennent l’inflation en RDC, chaque type de facteurs a fait l’objet d’une modélisation selon l’obédience théorique (libérale, keynésien et structuraliste) et estimé dans un VAR. Puis, un modèle de synthèse a été proposé et estimé à son tour dans un VAR ; ce qui a permis d’élaguer les facteurs non pertinents.
Après estimations, il s’est avéré que le modèle de synthèse est le mieux adapté à l’inflation congolaise. Ce qui dénote que les facteurs qui créent et entretiennent l’inflation congolaise sont multiples et que celle-ci est multidimensionnelle (facteurs monétaires, facteurs réels, facteurs structurels et anticipations). Les résultats révèlent que les facteurs d’anticipations sont les plus prépondérants, suivis des facteurs réels et des facteurs structurels. Les facteurs monétaires viennent en dernier lieu. Ceci est tout à fait normal étant donné le scepticisme des agents économiques congolais face aux décisions de politique monétaire en RDC.
Sans pour autant négliger les autres facteurs (monétaires, réels et structurels), l’autorité monétaire devrait chercher à regagner la confiance des agents économiques pour que ceux-ci cessent de faire des anticipations pessimistes qui nourrissent l’inflation au Congo.
En effet, les réformes et démonétisations mal préparées et à souhait, qui ont émaillé l’histoire monétaire de la RDC, ont amenuisé la confiance des agents économiques congolais en l’autorité monétaire. La seule issue heureuse est de pouvoir recouvrer cette confiance. L’autorité monétaire de la RDC y arrivera en restant cohérente dans ses décisions.